Chez OimDu

Monday, April 14, 2014

l'Îlot Bambo

Encore une petite sortie canoë ce week-end, qui fait bien plaisir. Cette fois c'était pour aller à l'îlot Bambo depuis Bambo Est.

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Monday, March 24, 2014

Canoë dans l'ouest de Mayotte


Petite sortie en Canoë du dimanche avec ballade dans la mangrove de Tsingoni puis douche sous la cascade de Soulou. Dans l'image ci-jointe, le trajet que nous avons effectué.

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Friday, December 20, 2013

La France dans l'étau régional centrafricain

Depuis plusieurs décennies, la Centrafrique est moins gérée par ses dirigeants que par ses voisins autocrates. L'intervention de la France dans ce chaudron ne va pas arranger la situation.


En raison de la faiblesse des États, de la porosité des frontières et de leurs tracés contestés autant que contestables, les guerre africaines ont tendance à se transformer en conflits régionaux. Même si la Centrafrique n’est pas la République démocratique du Congo (RDC) où tous les enjeux sont magnifiés par la taille du pays, l’enjeu de l’intervention française déborde du strict cadre national centrafricain. Bien que tous les pays voisins entretiennent de bonnes, voire de très bonnes, relations avec la France, l’addition d’un ingrédient supplémentaire (l’armée française) dans le chaudron centrafricain a le potentiel de précipiter les ennuis ou, au contraire, de figer les mauvaises habitudes. Il n’est pas sûr que l’Élysée, qui semble n’avoir réfléchi à l’intervention qu’en termes militaires et très peu politiques, ait bien mesuré les risques encourus.

« La Centrafrique n’est pas un pays, c’est l’annexe de ses voisins qui s’en servent pour y exporter leurs problèmes », racontait à Bangui, il y a un mois, un ancien ministre centrafricain. Des six pays frontaliers de la République centrafricaine, quatre sont le terrain de conflits à vifs depuis des années (Tchad, Soudan, Sud-Soudan, RDC), pendant que les deux autres sont dirigés par des dictateurs vieillissants (le Cameroun de Paul Biya et le Congo de Sassou Nguesso). Tous, à l’exception peut-être du jeune Sud-Soudan, sont des États autocratiques, dont les dirigeants sont davantage préoccupés par leurs propres poches que par la bonne gouvernance et le développement.

Ces différents voisins doivent tous compter, à des degrés divers, avec des rebellions qui en menacent le pouvoir central et qu’ils sont contents « d’exporter » en Centrafrique afin d’avoir la paix chez eux. Mais il y a aussi des arguments économiques pour cette ingérence dans les affaires du voisin. Selon David Smith, le directeur d’Okapi Consulting, basé en Afrique du Sud, « le Tchad tire l’essentiel de ses revenus du pétrole au sud, dans des gisements qui s’étendent aussi au nord de la Centrafrique. N’Djamena est bien content d’entretenir l’instabilité en République centrafricaine pour ne pas avoir à partager ces richesses. Quant au Soudan, ses revenus ont été sérieusement amputés depuis la partition du Sud-Soudan, et Khartoum souhaiterait bien s’assurer de nouvelles ressources grâce au pétrole, à l’or, au diamant et au bois centrafricain. Sans oublier sa volonté d’étendre l’influence de l’islam dans la région ». Les autres pays profitent également de l’absence d’industrie ou d’infrastructure en Centrafrique pour mettre la main sur ses ressources naturelles, qu’il s’agisse de les exploiter directement au-delà de la frontière ou de les exporter illégalement (les diamants notamment).

La Centrafrique encadrée de ses six voisins, dont le Sud-Soudan, tout nouveau pays.La Centrafrique encadrée de ses six voisins, dont le Sud-Soudan, tout nouveau pays.

« Le coup d’État de mars 2013 (qui a placé Michel Djotodia au pouvoir), comme celui de 2003 (qui avait vu François Bozizé s’emparer de la présidence), sont des coups d’État régionaux », estime Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERI). « Est-il légitime que des chefs d’État de la région décident qui doit présider un pays voisin ? » En 2003 comme en 2013, c’est le président tchadien Idriss Déby qui est à la manœuvre, avec l’assentiment de ses collègues. Comme le décrit un rapport de l’International Crisis Group de 2007 : « À N’Djaména, le président Idriss Déby, met à (la disposition de Bozizé) des éléments de sa garde présidentielle, la "Force 4" ; Joseph Kabila, le chef d’État du Congo-Kinshasa, envoie l’armement nécessaire ; son voisin sur l’autre rive du fleuve Congo, le président Denis Sassou N’Guesso, finance l’opération à hauteur de 3 milliards de francs CFA, soit environ 4,6 millions d’euros ; quant au président gabonais Omar Bongo, le doyen de la région, il ne donne sa bénédiction qu’au dernier moment, en raison de doutes sur les capacités de Bozizé qu’il connaît de longue date. Mais l’insistance de son épouse Édith, une fille du président Sassou N’Guesso, vient à bout de ses réticences. »

En 2012, rebelote. Les « vieux crocodiles » de la région, qui sont toujours les mêmes, à l’exception d’Omar Bongo remplacé par son fils Ali, sont las de Bozizé, qui laisse son pays sombrer, les rébellions se multiplier, et qui ne respecte pas les accords passés avec ses opposants. En décembre, la Séléka (l’alliance des plusieurs mouvements d’opposition) qui s’est constituée au nord de la Centrafrique est prête à marcher sur Bangui, avec l’appui de soldats mercenaires tchadiens et soudanais. Mais Idriss Déby ne donne pas son autorisation. Bozizé, qui a longtemps bénéficié du soutien des Tchadiens, négocie un accord à Libreville (Gabon) sous l’égide de Bongo et avec un médiateur congolais. Mais, au bout de quelques semaines, il est évident qu’il n’a aucune intention d’honorer cet engagement. Déby donne alors le feu vert à la mise en branle de la Séléka qui, en quelques jours, s’installe à Bangui pendant que Bozizé s’enfuit au Cameroun.

Un tombe au milieu du village de Carnot, à l'ouest du pays
Une tombe au milieu du village de Carnot, à l'ouest du pays © Thomas Cantaloube

La Force multinationale des États d'Afrique centrale (Fomac), censée stabiliser le pays, est présente à ce moment-là en Centrafrique, mais elle s’écarte pour laisser la Séléka s’emparer du pouvoir. Pas étonnant : les soldats la composant proviennent du Tchad, du Congo, du Gabon et du Cameroun. Uniquement des pays voisins ayant « choisi » qui devait désormais être président de la Centrafrique… « Ils veulent régler le problème en famille, mais ils en sont incapables », assène un analyste régional qui, pour parler en toute franchise, a demandé l’anonymat. « À chaque nouvelle intervention, ils déstabilisent encore plus la Centrafrique. Jusqu’au point de non-retour qui a été atteint cette année. »

«Ce sont des régimes militaires qui nomment des militaires pour faire le travail de diplomates»

Selon le chercheur Roland Marchal, la France avait alors deux politiques possibles : « Paris aurait pu dire que ce n’était pas à la région de choisir le président de la Centrafrique, même si Bozizé était une crapule, et se retirer. Ou alors elle aurait pu choisir de rester en décidant de parler fort, y compris à Déby. Mais pour cela, il aurait fallu s’intéresser à la Centrafrique ! » Au lieu de cela, Paris a choisi de rester impliqué dans le jeu en laissant faire. Résultat : la Séléka s’est transformée en milice prédatrice et Djotodia n’a jamais été capable de rétablir l’ordre. Au bout de quelques mois, la crise humanitaire, l’hypothèse d’un sanctuaire terroriste et les tensions religieuses ont conduit la France à s’emparer du dossier et, in fine, à envoyer ses soldats après le vote d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

D'après des sources diplomatiques, l’Union africaine (UA) avait demandé à la France et à l’ONU d’avoir les coudées franches (et des financements) pendant un an afin de tenter de régler le problème par elle-même. Mais les États de la sous-région ne l’ont pas voulu. L’ONU, présente en Centrafrique depuis une quinzaine d’années, s’était également montrée dépassée. C’est donc la France qui a pris les avant-postes, mais sans nécessairement mesurer l’ampleur de la tâche et des complications régionales. « Aujourd’hui, la communauté internationale, la France en premier lieu, cherche une organisation pour gérer la sortie de la crise », explique l’analyste régional. « Or le choix se fait entre des aveugles (l’UA ou la Communauté des États d’Afrique centrale (CEAC)) et un borgne (l’ONU). Le bon sens va donc pousser à choisir le borgne… »

Un pêcheur centrafricain sur le fleuve Oubangui. Dans son dos, la RDC.
Un pêcheur centrafricain sur le fleuve Oubangui. Dans son dos, la RDC. © Thomas Cantaloube

Même si l’intervention en Centrafrique devient au bout du compte une « opération de maintien de la paix » sous mandat onusien, il faudra quand même composer avec les pays voisins, ne serait-ce que pour l’acheminement du matériel et la sécurisation des frontières. Or, avec deux opérations françaises concomitantes sur le continent (Mali et Centrafrique), les « vieux crocodiles » régionaux savent qu’ils peuvent en tirer sinon un certain profit, du moins une relative tranquillité. « On ne va pas les harceler sur la question de la démocratie ou des droits de l’homme quand on a besoin de leurs routes ou de survoler leur territoire. On ne va pas se fâcher trop fort avec Déby qui joue un jeu pervers en Centrafrique quand on a besoin de ses soldats au Mali », soupire un ancien diplomate du Quai d’Orsay présent lors du récent sommet sur la paix et la sécurité en Afrique.

Pour Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique centrale à l’International Crisis Group, « une des solutions consiste à “dérégionaliser” la nouvelle force onusienne qui va succéder à la FOMAC. On a commencé cela en intégrant des soldats du Burundi, mais le Tchad va rester à bord de la mission car il faut pouvoir utiliser l’influence de Déby sur la Séléka ». Se prépare donc un pas de danse géopolitique visant à faire du « containment » à l’égard du Tchad, tout en s’appuyant sur lui. Mais cela ne résoudra pas le problème politique à l’égard de la Centrafrique, qui reste « encadrée » par des voisins aussi incompétents qu’inconséquents. « Ce sont fondamentalement des régimes militaires qui nomment des militaires pour faire le travail de diplomates », assène Thierry Vircoulon, en faisant référence aux divers généraux congolais, gabonais, camerounais ou tchadiens qui se succèdent aux postes de médiateurs, d’ambassadeurs et de chefs de mission auprès des instances internationales.

Pour son plus grand malheur, la Centrafrique reste un pays encerclé par des régimes autocratiques peu désireux de réformer profondément la conduite des affaires en Afrique. En intervenant dans ces conditions, sans avoir préparé le terrain politiquement, la France accepte donc de jouer ce jeu délétère. Même si les soldats tricolores font correctement leur travail sur le terrain, l’avenir de la Centrafrique risque de rester plombé par les vieilles pratiques.

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Sunday, December 01, 2013

Un ptit tour à voiles...





2 jours après l'arrivée de l'ami Raphton (fraîchement atterri en provenance de la côte Tanzanienne, Zanzibar), histoire de faire valoir direct les atouts naturels de Mayotte, depuis la mer, nous voici partis pour un petit week-end sur le Moucata, catamaran de taille raisonnable, en tout 8 avec les autres amis et le skipper (et moi-même).
Entre beau temps, qq bords tirés voiles déployées (ce qui n'était pas gagné en cette saison de pétole, se dirigeant tout droit vers la saison des pluies), de la pêche à la traîne (mais broucouilles comme on dit dans le bouchonnois), du snorkeling sur la barrière corallienne du lagon sud, un peu de plongée bouteilles pour certains, de l'apéro pour tous, de goûteux petits plats et du bon son, c'était ma foi fort sympathique. 

Une idée de l'ambiance à bord:

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Wednesday, November 13, 2013

Madagascar : les élections, et après ?

Les sanctions européennes affament le pays le plus pauvre du monde, où quatre millions d'habitants sont en situation d’insécurité alimentaire. Il est plus que temps d'y mettre fin, plaide le politologue Michel Galy, et de placer « chaque responsable européen, et français en particulier, devant ses responsabilités ».

Le second tour de l'élection présidentielle malgache opposera, le 20 décembre, Hery Rajaonarimampianina, candidat de l'actuel homme chef de l'Etat, Andry Rajoelina, à Robinson Jean Louis, candidat soutenu par l'ancien président Marc Ravalomanana. Pourtant, les élections ne sont pas tout !
Formatées par l’introuvable « communauté internationale », elles ont conduit la Cour Suprême à se déjuger, l’essentiel pour l’extérieur étant que les deux principaux candidats ne se représentent pas ! On voudrait un « troisième tour » d’émeutes et de règlements de comptes dans la rue, un recours à l’armée, ou au mieux une subversion de ce « désordre international » (Rajoelina, tel Poutine, premier ministre d’un président potiche) qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Ou peut-être des émeutes de la misère et de la faim ?
Car au-delà d’un système électif imposé, il y a le pays réel et le scandale de la tutelle se traduit par une misère provoquée, imposée, et pour tout dire irresponsable. La Grande Ile ne se contente pas de mourir, on l’assassine tous les jours…
La Banque mondiale vient de rétrograder Madagascar au rang peu enviable de pays le plus pauvre de la planète. Les sanctions internationales, le retrait de l’aide ont fini de paupériser le pays, les criquets pèlerins menacent de toucher de 30% à…100% de la récolte de riz à venir.
Peu importe à Paris : on menace de multiplier et d’aggraver les sanctions !
Or le régime Rajoelina est sous influence française… et les sanctions aussi – l’UE s’alignant sur les desiderata de Paris !
Devant ce qui va peut être devenir le plus grave scandale humanitaire de la planète, les ONG et les agences des Nations unies sont inaudibles ou complices : seul un travail de plaidoyer et même de dénonciation peut inverser le cours des choses et mettre chaque responsable européen, et français en particulier, devant ses responsabilités et même devant sa conscience : de combien de morts vous sentirez-vous coupables, si la famine se généralise ? 
UNE TROP LONGUE HISTOIRE, CELLE DE LA DOMINATION    
De la conquête coloniale au vertige de la gouvernance autoritaire : ainsi peut-on caricaturer l’histoire extérieure de Madagascar, quand à chaque étape la prétendue « communauté internationale » va à l’encontre des potentialités malgaches et de sa riche histoire autochtone.
Conquête et annexion  de 1896. Répression coloniale multiforme, jusqu’au massacre de 1947.
Mais à chaque fois, en faveur de Madagascar, des voix se sont élevées, en France, pour dire l’intolérable – de Jean Paulhan à Jean-Paul Sartre, et rappeler devant la répression des valeurs universelles.
En est-on encore là aujourd’hui, et doit-on se taire ? 
Depuis le renversement de Ravalomanana et l’avènement d’Andry Rajoelina, en 2009, les sanctions internationales ont mis le pays à genoux. La paupérisation aggravée du pays, l'invasion plus récente des criquets pèlerins – justement faute de crédits d’intervention rapide pour la FAO – risquent de provoquer une famine de masse.
L’Union européenne a une lourde responsabilité, qu’elle reconnaît d’ailleurs en faisant à la marge de l’« aide humanitaire » – et en instrumentalisant les ONG – alors même qu’elle affaiblit le pays dans le même temps. Depuis juillet 2009 et quelques mois après l’arrivée au pouvoir d'Andry Rajoelina, l’Union européenne a en effet bloqué en effet les fonds européens de développement, d’un montant de 600 millions d’euros et éligibles pour la période 2008-2013 – tandis que 100 millions d’euros seront toutefois versés à Madagascar « dans le cadre d’une aide à caractère exclusivement humanitaire » (sic).
Mais cette « aide humanitaire compensatoire » est loin de jouer son rôle. Selon le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation à Madagascar, Olivier de Schutter, « des sanctions économiques telles que celles imposées à Madagascar produisent incontestablement des impacts sur le niveau de jouissance des droits économiques et sociaux. Parmi les droits les plus affectés sont le droit au travail, le droit à l'éducation, le droit au meilleur état de santé susceptible d'être atteint, et le droit à l'alimentation. L'augmentation de l'aide humanitaire, destinée à compenser les impacts des sanctions économiques, n'y suffit manifestement pas : la Banque mondiale relève, dans un rapport de mars 2011, que l'augmentation de l'aide au secteur social (éducation, santé, et protection sociale y compris sécurité alimentaire) a crû de 40% entre 2008 et 2010, mais qu'en même temps les indicateurs sociaux ne montrent aucune amélioration de la situation de la population. »
Les ONG, les associations de la société civile, les politiques malgaches de tous bords sont unanimes: loin de toucher la nomenklatura malgache, les sanctions ne touchent que les plus vulnérables – provoquant par ailleurs des réactions nationalistes exacerbées, notamment anti-françaises, et une violence sociétale qui se traduit par une insécurité multiforme.
Jusqu'à la disette, et bientôt la famine? A Madagascar, les sanctions ont fait preuve de leur inefficacité et même de leur nuisance.
Selon le rapport d’Olivier de Schutter (qui est loin d’être un extrémiste…) «  35 % de la population rurale a faim, et environ 50 % est vulnérable à l’insécurité alimentaire »Depuis 2009, les effets combinés de la sécheresse et des cyclones, ainsi que l'instabilité politique, ont aggravé les conditions de vie de milliers de ménages, principalement dans le sud-ouest du pays, où plus de 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Selon une récente mission d'évaluation de l'impact de l'invasion acridienne  à Madagascar (étude conduite par la FAO), les pertes de production rizicole pourraient s'élever à 630 000 tonnes, soit environ 25 % de la demande totale de riz du pays, ce qui aurait de graves répercussions sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et sur les moyens d'existence des catégories les plus vulnérables. Les pertes de riz et de maïs oscillent entre 40 % et 70 % dans certaines régions du pays, voire 100 % sur certaines parcelles.
Or, le riz est le principal aliment de base à Madagascar, où 80 % de la population vit avec moins d'un dollar par jour.
Très récemment, en octobre 2013, les conclusions d’un rapport commun PAM/FAO montrent à quel point la situation s’aggrave, et ces institutions tirent une dernière fois la sonnette d’alarme : « Environ 28 % des ménages ruraux souffrent d'insécurité alimentaire - de grave pour 2,7 % à modérée pour près de 25 %. Au total, quelque 4 millions de personnes sont touchées dans 20 régions. La sécurité alimentaire de 9,6 millions d'autres personnes pourrait se détériorer avec la hausse des prix durant la période de soudure (d'octobre à mars) avant la récolte. La prochaine saison cyclonique, qui dure de novembre à avril, suscite également des préoccupations ».
Le rapport révèle qu’en octobre 2013, ce sont 4 millions de Malgaches qui sont en situation d’insécurité alimentaire, et 9 millions bientôt, si rien n’est fait. Et justement, que font les (irr-) « responsables politiques » de chez nous? Que faisons-nous, citoyens du monde, devant une telle situation ?
Est-ce donc au mouvement humanitaire malgache et internationale de recevoir des miettes de l'ancienne aide sans réagir et de pallier comme ils peuvent au plus urgent (cyclone, malnutrition infantile..) sans en dénoncer les causes?
A Madagascar, les sanctions internationales ont donc échoué, sont dangereuses et leurs promoteurs coupables. Comme ailleurs?
LES SANCTIONS EN RELATIONS INTERNATIONALES: DE REDOUTABLES ÉCHECS?
Que ce soit pour l’Irak, ou pour d’autres pays sous sanctions, le résultat a toujours été catastrophique pour la population, notamment pour sa frange la plus démunie. Plus que la guerre, car décidée de sang froid, la mise sous sanction d’une population est par définition une arme anti-humanitaire.
En d’autres termes, il me semble pour ma part impossible pour le mouvement humanitaire international, pour les ONG en particulier, d’agir dans un pays sous sanctions sans les dénoncer –et notamment les donneurs d’ordre– en particulier si les dites ONG sont du pays d’origine des décideurs de sanctions ; la présence même d’humanitaires financés par les pays en question, intervenant dans un pays sous sanctions, est pour le moins paradoxale, et au pire contraire à l’éthique humanitaire ou même intolérable : le mouvement humanitaire n’est pas là pour servir d’alibi ou de supplétif à ceux qui paupérisent ou affament une population.
Les sanctions deviennent un objet de la science politique très discuté : des chercheurs comme Ariel Colonomos insistent à la fois sur l’étrangeté en droit et en relations internationales de ces actes, et cherchent à comprendre les coalitions et les réseaux de mobilisation contre les embargos et les sanctions… mobilisations souvent efficaces (voir Questions de recherche n°1, Ceri-Sciences Po).
Cette « via media » entre intervention militaire et non intervention devient depuis les deux dernières décennies à la fois une arme du « soft power » des puissances occidentales, et un enjeu éthique de plus en plus débattu et critiqué par les organisations humanitaires et les sociétés civiles.
Car le prix est lourd, et touche la frange la plus vulnérable des populations – et non pas les dirigeants, décideurs ou contrevenant à « l’ordre mondial » que l’on prétend atteindre. C’est donc du point de vue pragmatique, et en insistant sur le caractère contre productif – notamment d’une perte pour les donneurs de sanctions de toute légitimité et politique et médiatique – qu’il faut aussi argumenter. Si ce n’est alerter les décideurs de dangereux mouvements ultranationalistes, réactifs et parfois xénophobes sur le long terme que des sanctions injustes, voire criminelles du point de vue des droits de l’homme peuvent provoquer – et aller ainsi à l’opposé du but recherché !
La puissance dominante, ici la France –et plus directement l’Elysée et le Quai d’Orsay– s’avance masquée : les « groupes de contact » dernier avatar, dans la diplomatie de connivence d’un imperium occidental, présentent l’avantage d’occulter le rôle de l’ancien colonisateur sous une apparence de multilatéralisme. Q’on ne s’y trompe pas : les clefs de la levée des sanctions européennes sont à Paris ! 
RESISTANCES ET CRITIQUES
La première des résistances devrait être celle de l’Etat malgache et des populations elles-mêmes. D’autant que, comme pour le Makhzen au Maroc, la colonisation avait dès le XVIIIe siècle rencontré un Etat autochtone puissant dans son centre et qui avait sa propre organisation et ses propres buts.
Mais depuis 1960, la Grande Ile oscille entre révoltes contre les déterminismes extérieurs –ainsi le renversement en 1972 du premier président est vécue comme une « seconde indépendance »– entre dictature et culte de la personnalité comme à l’époque de l’amiral Didier Ratsiraka, entre massacres récurrents et coups d’Etat et le spectre d’un directoire militaire n’est jamais loin : armée et église, ces deux forces de l’ombre, sont bien les dei ex machina de la politique malgache.
Mais plus récemment, comme dans d’autres crises, un fantasme de gouvernance absolue et un interventionnisme néoconservateur tend à contraindre les gouvernements jugés non-légitimes par la « diplomatie de connivence » (Bertrand Badie, La Découverte, Paris, 2011).
En effet, les dernières crises internationales (de la Libye au Mali) ont bien montré la subordination, si ce n’est la sujétion, des instances internationales aux puissances dominantes –et dans le cas de l’Afrique et de Madagascar, ce sont les résolutions concoctées par l’ancien colonisateur qui sont discutées et le plus souvent adoptées, de l’ONU à l’UA ou à l’Union européenne.
Et c’est tout aussi vrai des organisations régionales, qui soucieuses en principe d’arrêter les coups d’Etat et les rébellions, mais impuissantes à arrêter l’Histoire, contribuent à mettre Madagascar sous sanctions, en approuvant plus qu’ailleurs les décisions de Paris ! Alors qu’un des non-dits de la crise malgache, que connaissent bien tous les spécialistes du pays (et même les diplomates…) est que les responsables africains sont  bien souvent, à tort ou à raison, rejetés par les décideurs de Tananarive et par la population, pour des raisons de spécificités culturelles bien connues. Se servir des instances africaines contre Madagascar, pour sanctionner et appauvrir le pays, est donc particulièrement maladroit et contre productif, suscitant des résistances et des réactions nationalistes croissantes.
Bien que la multiplication des instances internationales produise souvent plus de désordre que d’ordre, voila qu’un pays de 15 millions d’habitants est mis à genoux par des bureaucrates européens situés à 15000 km, voué à la misère et à la famine –en toute bonne conscience des décideurs !
Divisée en quatre « mouvances », la classe politique ne peut prendre position sur les sanctions et se faire entendre par les medias et l’opinion internationale. C’est donc le rôle des intellectuels et des humanitaires d’Occident –si ce n’est leur honneur et ceux de leurs pays respectifs ! – de prendre ici et maintenant la défense de populations civiles appauvries et affamées, et d’exiger non seulement l’abolitions immédiate des sanctions, mais un arrêt de la gouvernance autoritaire et extra-déterminée des élections, et bien plus encore un retour d’investissements massifs sur l’alimentation d’urgence, la lutte contre les criquets pèlerins, la réhabilitation des infrastructures hydroagricoles et routières, en pleine et totale coopération avec le gouvernement malgache, loin du formatage et des pratiques néocoloniales ordinaires du « pseudo développement ».
Les intellectuels occidentaux se sont émus – sans succès apparent ; cela s’est notamment manifesté par une pétition internationale d’universitaires en 2012. Ainsi des chercheurs internationalement renommés comme le britannique Maurice Bloch , l’américain David Graeber, les français Noël Geunier ou Penrad - qui connaissent mieux que n’importe quel acteur  humanitaire ou « expert » extérieur Madagascar, pour y avoir effectué des recherches durant des dizaines d’années – affirment notamment : « Avant l'imposition des sanctions, l'Etat malgache dépendait de l'aide internationale –en particulier de celle de l'Europe, son plus important donateur– pour environ 50% de son budget et 70% de ses investissements publics. La suspension de l'aide par l'Union Européenne et les autres acteurs a paralysé l'Etat et l'a privé des moyens de combattre la pauvreté. On ne peut que déplorer l'importante dépendance de Madagascar vis-à-vis de l'aide internationale, mais force est de constater que dans de telles circonstances la suspension brutale de l'aide n'a pas seulement des effets désastreux sur les plus pauvres et les plus affamés: en affaiblissant la capacité institutionnelle de l'Etat, elle peut aussi entraîner des coûts politiques, environnementaux et sécuritaires à long terme ».
Ces « lanceurs d’alerte » ont bien posé le problème intellectuellement, mais ont échoué en tant que lobby : c’est au mouvement humanitaire mondial de prendre le relais, au risque d’un scandale médiatique et d’un retrait collectif de Madagascar devant la mise sous tutelle et la paupérisation provoquée, sorte de « punition collective »expressément interdite par les textes onusiens.
L’ « anthropologie des mondes contemporains » (Marc Augé, Paris, Aubier, 1994), la réflexion sur les liens et les interactions entre les pays occidentaux et les pays dominés comme Madagascar, montrent le rôle essentiel que peut avoir le mouvement humanitaire international et particulièrement français dans le cas d’espèce.
Très récemment des signes encourageants sont apparus dans le traitement international de Madagascar : début septembre, la FAO a obtenu les premiers crédits pour la campagne antiacridienne ; l’Union africaine a levé quelques mesures personnalisées de sanctions, notamment contre Rajoelina.
Mais c’est qu’aussi des phénomènes très inquiétants sont apparus : criminalité et agressions, notamment à Tananarive et récemment à Nosy be, directement liés à la paupérisation ; et, pire, premiers attentats à la bombe, heureusement inachevés, « contre les étrangers » et leur ingérence dans les élections malgaches, début septembre.
 Dans l’intérêt de tous, il est plus que temps d’agir, d’abolir les sanctions et de relancer massivement l’aide – immédiatement !

Michel Galy, professeur de géopolitique, a coordonné le récent ouvrage La Guerre au Mali,comprendre la crise au Sahel et au Sahara. Enjeux et zones d'ombre, Éditions La Découverte (voir ici l'entretien sur le Mali avec François Bonnet, journaliste à Mediapart).

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Monday, October 21, 2013

Ambanja & Nosy Be, Nord Ouest de Madagascar

Malgré qq évènements aussi tragiques que peu clairs de lynchages de 2 touristes, 3 jours avant notre arrivée, nous avons pris notre vol (40 min) Mayotte - Nosy Be, pour aller ensuite retrouver 2 couples d'amis résidents à Mada, chez l'un d'entre eux, à Ambanja. Sympathique bourgade située sur les rives du Sambirano, rivière qui descend du massif du Tsaratanana dans l'arrière pays à une 50-aine de km et qui inclut le plus haut point de Madagascar (2800 et qq m d'altitude). C'est une région ma foi plutôt verdoyante à comparer du reste de la côte ouest (grâce notamment à ce massif montagneux), où se trouvent plusieurs cultures de rente, en particulier l'Ylang Ylang (fameuse plante à parfums) et le cacao (dont le terroir en fait l'un des cacaos gourmets pour les fins chocolatiers).

Quelques photos de cette semaine, qui est passée trop vite (comme toute vacance digne de ce nom)...

En attendant le 1er ptit dej

le 1er ptit dej

Ensuite hop, zouh sur la grande terre (puisque Nosy Be est, comme son nom l'indique, une île), direction Ambanja.

Chez Lucie & Camille 

Les plantations de Camille

Pont sur le Sambirano à Ambobaka

idem

toujours le Sambirano

Fleur d'Ylang Ylang

Camille inspecte ses pépinières

Les istomiens en "vacances"


La rivière Sambirano depuis le pont d'Ambanja

Caméléon

Cabosses de cacao (sous produit qui sert de nourriture de choix pour les zébus)






Nosy Faly et ses résidences secondaires paumées ainsi que son hôtel un peu vide.







A bord de la goélette Nofy Be (littéralement "grand rêve"). Entre Majunga et Tuléar, ces goélettes, dont la construction se transmet de maître à élève depuis le 19ème siècle lorsque 2 frères bretons arrivés à Belo-sur-Mer via la Réunion ont enseigné les premières constructions, assurent la majorité des transports (les routes étant peu carrossables).
Pour la petite histoire, j'avais connu Laetitia (l'une des 2 propriétaires de ce beau bateau) et le Nofy Be, lorsque je travaillais à Maintirano avec Blue Ventures. Une petite expédition d'exploration des récifs coralliens des îles Barren avait duré une dizaine de jours, puis on avait mis les voiles pour Morondava depuis Maintirano. Belle navigation, tout à la voile, le moteur nous avait fait le coup de la panne.


Devant Nosy Tanikely

la belle Nofy Be

du haut de Nosy Tanikely

La poupe et sa sirène

Réserve de Lokobe à Nosy Be



Nosy Komba

Nosy Komba

Une des baies de Hellville, la capitale de Nosy Be

La grand voile du Nofy Be devant Nosy Komba

Nosy Komba

Vue sur Nosy Be depuis Nosy Komba

Nosy Komba

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Tuesday, August 27, 2013

Dimanche kayak et PMT dans le sud est de l'île


L'idée de départ était de partir voir les baleines (dont c'est la saison dans le coin) ... avec mon kayak gonflable. En visant le sud du lagon de Mayotte, assez vaste et qui accueille régulièrement ces cétacés, tout en étant bien protégé de la houle du large car il ne présente pas de passe. Finalement on n'a pas vu le moindre souffle de ces mammifères pendant notre journée, on a eu un bon vent du sud dans le nez qui nous a donné matière à sortir nos biceps pour atteindre l'îlot de Sable blanc à l'est de cette partie du lagon, et nous a suffisamment crevé pour qu'on décide de se cantonner finalement à la côte. Qui n'était pas dégueue d'ailleurs, car c'est la réserve naturelle de la pointe Saziley où la pêche est interdite, donc les poissons de récif foisonnent assez bien, et les coraux sculptent des petits labyrinthes et canyons à la topographie variée. Donc on n'était pas déçus pour autant.

C'était donc aussi l'occasion de m'essayer à un petit montage avec carte à l'appui:

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